
Ces émissions de loisirs inspirés des chaînes étrangères et notamment Canal+ et France 2, diffusées notamment sur les chaînes privées «Al Hiwar Ettounsi» et «Attassia», ne semblent pas viser un objectif précis ni participer à instruire les téléspectateurs. On se contente, en effet, d’inviter une pléiade d’illustres inconnus ou connus pour leur donner l’antenne et parler de n’importe quel sujet sans respecter les limites de la décence. A défaut de meubler les heures creuses par des émissions intelligentes —comme les documentaires écologiques et culturels—, les responsables de la programmation optent pour ces émissions qui ne nécessitent pas un coût élevé ni une conception originale. Une grande partie des téléspectateurs ne veulent plus regarder ces émissions qui ne mènent à rien et ne traitent aucun sujet d’une façon sérieuse et intelligente. Certes, la grille télévisuelle nécessite, outre les émissions politiques, sociales et économiques, des variétés et des émissions de loisirs, mais de là à tomber dans la médiocrité absolue et du rabâchement des attitudes des gens, on dit «stop!».
Les concepteurs de ces émissions de loisirs devraient se réunir pour préparer des variétés plus intelligentes, adaptées au contexte tunisien et ne pas se limiter à copier aveuglement les émissions des autres chaînes. Il faut faire preuve d’innovation et de créativité pour concocter des émissions capables d’attirer les téléspectateurs sans tomber dans la mièvrerie et le laisser-aller. On peut citer, par exemple, l’émission «Oumour jedya» (Sujets sérieux) qui n’a rien de sérieux. Les invités présents crient à-tout-va, font les clowns et débitent des commentaires insipides. Les autres chaînes privées essayent d’imiter telle émission qui n’a rien de génial. Après la révolution et profitant d’un espace de liberté, les chaînes privées ont dépassé toutes les limites sans aucun respect pour les téléspectateurs qui regardent la télévision en famille pour se distraire et s’informer.
Ces chaînes peuvent faire appel à de jeunes compétences dans le domaine de l’animation et de la préparation des programmes pour proposer aux téléspectateurs des émissions plus riches en connaissances et en information. L’une des chaînes est allée jusqu’à recruter un célèbre acteur, en l’occurrence «Lotfi Abdelli», pour animer une émission de variété. Mais ce choix ne suffit pas pour élaborer une bonne variété qui requiert aussi des concepteurs chevronnés capables de faire la différence et de s’imposer sur la scène médiatique. Du travail reste à faire en ce qui concerne les variétés.
Où sont passées les séries télévisées ?
A l’approche du mois de Ramadan, toutes les chaînes de télévision commencent à produire des séries télévisées pour les diffuser au cours de ce mois saint. L’investissement provient, en grande partie, de ces entreprises de lait, de yaourt, de pâtes et autres. L’objectif de chaque chaîne est d’attirer le maximum de téléspectateurs et de les fidéliser. Après la première semaine du mois de Ramadan, tout le monde se penche sur les résultats des sondages pour voir quelle est la chaîne qui a bénéficié de la meilleure audience. Tout le reste de l’année, la production des séries connaît une baisse inexpliquée. On se contente alors de diffuser les anciennes séries à succès, comme «Choufli Hal» qui a été rediffusé à maintes reprises comme si nous ne pouvons pas produire un chef-d’œuvre similaire au cours du reste de l’année. D’autres chaînes privées se sont spécialisées dans la diffusion des séries turque ou japonaise ! Jadis, avec des moyens de travail modeste, mais des acteurs et actrices de haut niveau, la télévision nationale a pu produire des séries —ou des sitcoms— qui ont pu retenir l’intérêt des téléspectateurs car elles racontent leur vécu, leurs problèmes quotidiens et leurs préoccupations. Aujourd’hui, les séries préparées semblent évoquer des sujets qui n’ont aucun lien avec notre réalité. Des familles riches habitant dans des palais luxueux, des crimes à tout bout de champ, de la drogue sont le lot de la majorité de ces séries proposées au cours du mois de Ramadan.
On a même essayé d’impliquer certains acteurs et actrices d’origine algérienne pour donner plus de valeur au travail, mais cela n’a pas abouti à un résultat probant. Tant que l’histoire écrite n’est pas adaptée à la réalité tunisienne et aux préoccupations des Tunisiens, la série n’a pas beaucoup de chance de réussir au niveau local et ne pourrait pas être exportée pour les autres pays. Il est nécessaire, donc, d’étaler l’élaboration des séries sur toute l’année et de cibler les problèmes auxquels est confrontée la population pour passer à un nouveau palier de qualité.